vendredi 30 janvier 2009

le crise en france

Les structures économiques et sociales françaises sont inadaptées au monde moderne et nous enfoncent dans la crise et le déclin. Ce déclin se constate de manière relative et absolue. Notre système politique verrouillé par les politico-fonctionnaires n'offre aucune chance de réforme fondamentale. Un krach économique mondial, tout à fait envisageable, serait le choc externe violent qui nous précipiterait dans la tourmente.



Baisse de la production industrielle en mai 2003 pour le 4e mois consécutif, hausse quasi-ininterrompue du chômage depuis juillet 2001, réduction des perspectives de croissance en dessous de 1%, déficits publics supérieurs à la limite tolérée par l'Union Européenne, destruction de 60 000 emplois au 2e semestre 2002 : en France, les mauvaises nouvelles sociales succèdent aux mauvaises nouvelles économiques. Croissance américaine divisée par deux, Japon au bord du gouffre, Allemagne au bord de la déflation : l'environnement international n'incite pas non plus à l'optimisme. Où va l'économie française ? Répondre à une telle question relève de la gageure et confine à la vision. Un économiste libre, qui ne dépend financièrement d'aucun organisme ayant un intérêt à adopter un point de vue particulier, s'acquittera de cet exercice en fonction de ses études, de sa culture et de son expérience mais sans pouvoir faire abstraction de sa personnalité et de son intuition. Ce cocktail lui fera juger certains critères plus déterminants que d'autres.
La liberté permet de ne pas orienter sa réflexion vers l'optimisme fonctionnel des organismes officiels, publics ou privés. La confiance étant indispensable au développement économique, gouvernants et chefs d'entreprises ont logiquement un objectif commun : convaincre le plus grand nombre que l'économie se portera bien ou tout au moins se portera mieux. Ils y ont un intérêt matériel : il en va de leur réélection pour les politiques donc des rémunérations attenantes à leurs mandats électoraux, de leurs chiffres d'affaires pour les entrepreneurs, donc de leurs salaires et primes. Les médias et la population ont eux aussi intérêt à souhaiter davantage de croissance et d'emploi. Tous sont naturellement portés à croire les bonnes nouvelles et prévisions. Envisager la vie en rose est une tendance humaine normale.
Pour l'économiste libre, les difficultés demeurent. Il y a d'abord les difficultés liées à l'interprétation des évolutions des différents paramètres. Les évolutions ne sont pas toujours nettes. Il est en général possible de dégager des tendances. Mais le choix des références et des comparaisons, à partir desquelles on extrapole, n'est pas neutre. L'étendue des informations disponibles pose des problèmes encore plus grands. Les éléments matériels et psychologiques qui influent sur l'activité économique sont innombrables. Lesquels privilégier? La politique monétaire pèse-t-elle davantage sur la conjoncture que la fiscalité? La personnalité de l'économiste jouera.
Autre difficulté : comment les éléments retenus agissent-ils les uns sur les autres ? Quelle est l'influence de la conjoncture internationale sur l'économie d'une nation ? Comment réagissent les consommateurs face à la courbe du chômage, les industriels par rapport à leurs carnets de commande, les contribuables par rapport aux taux d'imposition ? Des modèles, basés sur des constatations passées, tentent de mettre en équation ces données. Ils demeurent approximatifs et seront donc soumis à subjectivité. L'économie n'est pas une science au sens de la mathématique ou de la physique : elle ne peut pas donner de résultats chiffrables. La prévision est toujours aléatoire et personnelle.

L'optimisme des officiels et le pessimisme des réalités.

Les considérations précédentes expliquent le hiatus entre les faits passés constatés et les prévisions futures annoncées : l'inquiétude et l'espoir. Inquiétude des faits : baisses de l'investissement et chutes des taux de croissance en France, en Europe, en Asie, aux Etats-Unis, hausses corrélatives des taux de chômage et des déficits publics. Espoir des mots : améliorations en vue, promesses de redémarrage. Que croire ? Son instinct, hélas ! que l'on tente d'étayer aussi rationnellement que possible.
Quand, fin mai, Jean-Pierre Raffarin juge " satisfaisant " les +0,3% de croissance du 1er trimestre, il est dans son rôle. Les statistiques françaises, révèlent, elles, une situation dégradée. La hausse du chômage, malgré la pause en avril et mai, est forte et continue depuis juillet 2001. L'activité économique s'est contractée de 0,1% au quatrième trimestre 2002, alors qu'on attendait + 0,2%. Le pouvoir d'achat n'a augmenté que de 1,5%, en 2002 (contre + 3,7% en 2001). La consommation est atone : +1% en 2002. L'investissement des entreprises recule, pour la première fois depuis 1997 (-2% par rapport à 2001). Des emplois ont été détruits en France au second semestre 2003 (60 000), pour la première fois depuis 1996.
Le chef du gouvernement avait également fait remarquer qu'à côté de " ce relativement bon chiffre constaté, il y avait deux indicateurs également encourageants ". Il s'agissait de l'investissement (+ 0,5 %), et de la consommation (+ 0,6 %). Le côté " encourageant " semblait très relatif. Concernant l'investissement, la France se situait sur une pente de +9% par an entre 1997 et 2001. Peut-on se satisfaire de +0,5% alors que ce chiffre permet à peine de remplacer le matériel existant ? Peut-on se satisfaire du faible chiffre de la consommation dont la progression se réduit parallèlement à la hausse du chômage et à l'éloignement des perspectives de reprise ?
Sur le front des déficits la situation n'est pas plus brillante : la France est " rappelée à l'ordre par Bruxelles ". On annonce 3,7% de déficit du budget de l'Etat. Et 15 milliards d'euros de déficit en cumul sur 2 années pour la seule branche maladie de la sécurité sociale. 100 milliards de francs : le chiffre est énorme. Dans un article intitulé " France Universal " pour faire le parallèle avec la gestion de Vivendi Universal, publié dans Le Point, l'économiste Nicolas Baverez rappelait que l'on oubliait de mentionner les déficits des entreprises publiques qu'il estimait à environ 20 milliards d'euros. L'addition des comptes des entreprises publiques, de la sécurité sociale, des collectivités locales et de l'Etat dépasserait de beaucoup les 3,7%. Le chiffre des déficits publics français serait plus proche de 5 % du PIB.

La croissance artificielle par la hausse du PIB non-marchand.

Lors d'un récent Conseil des ministres, Jean-Pierre Raffarin a jugé que la croissance positive (+ 0,3 %) au premier trimestre 2003 en France était " en pleine cohérence avec l'objectif fixé de 1,2 %, 1,3 % pour la croissance annuelle ". Le budget 2003 ayant été calculé sur une hypothèse initiale de 2,5%, il faut relativiser la " cohérence " de la réalisation par rapport à l'objectif. D'autant que cette hausse n'est due, comme le rappelait Jean-Pierre Robin (Cf. Jean Pierre Robin : " Les experts enjolivent la conjoncture " in Le Figaro du 21 mai 2003), qu'à la hausse des dépenses de santé. Croissant au rythme de 7% l'an et pesant 10% du PIB, les seules dépenses de santé ont mécaniquement fait croître le PIB de 0,7%.
C'est là une réalité fondamentale méconnue, sous-estimée sinon masquée: la croissance française est artificielle. Le secteur marchand, véritable créateur de richesses, est en récession. Seul le secteur non-marchand, composé des dépenses publiques, progresse. Représentant grosso modo la moitié du PIB (53,6% en 2002 contre 52,6% en 2001), ces dépenses publiques, en progressant de 5% ont, en 2002, entraîné 2,5% de hausse de PIB. La croissance française n'ayant été que de 1,2%, cela signifie que le secteur privé a abaissé le PIB de 1,3%. Le secteur marchand représentant l'autre moitié du PIB, a donc connu une récession de 2,6%.

Sans les déficits, la récession serait catastrophique.

Imaginons que la France soit gérée dans une optique " de bon père de famille " c'est-à-dire avec des comptes à l'équilibre. Cette hypothèse n'aurait rien d'excessif car on pourrait envisager un excédent budgétaire pour rembourser la dette et alléger le poids du passif laissé aux jeunes générations. A l'équilibre, nous serions à 0, au lieu d'un déficit de 3,7% de PIB. Les dépenses publiques seraient réduites de 7,4%. La récession serait alors de 5% (-1,3% pour le privé - 3,7% pour le public). Les qualificatifs de la croissance seraient plus proches de " catastrophique " que de " satisfaisant ".

Pour mieux comprendre la situation de l'Etat français, il est possible de raisonner par analogie avec un particulier. Considérons un individu qui a gagné 10 000 euros net en 2002. L'année suivante, il prévoit d'augmenter ses revenus de 0,8%, soit 80 euros. Mais il aura fait un emprunt supplémentaire à hauteur de 5% de ses revenus soit 500 euros. Considérerait-on que cet individu aura accru ou diminué ses revenus ? Le bon sens indique que ses revenus auront diminué de 420 euros. Ce raisonnement devrait s'appliquer pour un pays. Quand les revenus supplémentaires liés à la croissance sont inférieurs aux revenus issus de l'accroissement de la dette, un pays est virtuellement en situation de récession.

La France l'est. Aujourd'hui, elle augmente artificiellement sa croissance par des dépenses publiques, des déficits et de la dette. Demain, il faudra rembourser ces dettes supplémentaires par des impôts supplémentaires qui freineront immanquablement la croissance future. Le Premier ministre poursuivait la justification de sa politique en faisant valoir que " les principaux pays qui avaient quant à eux fait le choix d'augmenter leurs prélèvements obligatoires, impôts et charges sociales, connaissaient pour la même période une croissance négative ". Oui, la France aurait effectivement eu une récession si son gouvernement n'avait choisi de laisser filer les déficits. Non, Monsieur Raffarin ne diminue pas les impôts. Il faudra rembourser la dette. Cette politique revient à faire davantage d'impôts demain. Faut-il se réjouir d'une politique qui améliore notre situation actuelle mais compromet notre futur ? Celui qui achète à crédit ne paye pas moins cher. Au contraire.

Baisse de la recherche, fuite des cerveaux, explosion des faillites, désindustrialisation.

Dans un entretien au Figaro intitulé " Nous avons un gouvernement schizophrène " (Le Figaro, 10 mai 2003), l'économiste Nicolas Baverez rappelle quelques éléments fondamentaux qui éclaire l'avenir de la France d'une lumière sombre.
Sur la recherche : " l'effort de recherche régresse de 1,25% par an depuis 1995 pour s'établir à 2,1% du PIB contre 2,5% en Allemagne ou 3% au Japon ". Cette contraction de notre recherche pousse nos cerveaux à l'exode : " 15% de nos ingénieurs et de nos chercheurs partent chaque année aux Etats-Unis et au Royaume-Uni ". Nos dépôts de brevets ont chuté. Ils représentaient 8,8% de l'ensemble des dépôts de brevet dans le monde en 1985 contre seulement 6,3% en 2000. Sur les entreprises : " On crée en France 25 000 entreprises de moins qu'en 1990 ". Par contre le nombre des faillites explose : 43 000 en 2002 (contre 40 000 aux Etats-Unis, pays 5 fois plus peuplé). Et nos gains de productivité sont très faibles : de l'ordre de 1,1% par an.

Ces vérités inquiétantes autorisent Nicolas Baverez à considérer qu'il : " Il y a un mouvement dramatique de désindustrialisation dû à la concurrence technologique des Etats-Unis, la concurrence par les prix qui nous vient de la Chine et d'Asie et aussi la concurrence des nouvelles démocraties d'Europe de l'Est. Le territoire français se transforme en désert industriel et entrepreneurial ". " Désert industriel et entrepreneurial " : l'expression est forte. Pourtant il convient de s'interroger sur le phénomène de désindustrialisation de la France qui remonte loin. Les chiffres montrent que depuis la fin de la Deuxième Guerre mondiale, la France a créé un nombre d'emplois très faible dans le secteur privé. Et si, à force de tangenter le zéro, nous étions passés en dessous c'est à dire dans un cycle inverse de destruction d'emplois marchands ?

Excès d'impôts, excès d'Etat-providence et point de rupture.

La masse des prélèvements obligatoires et la quantité de lois sociales peuvent avoir poussé l'économie française jusqu'à son point de rupture. A force de pénaliser l'activité économique, on finit par la dissuader. La loi sur les 35 heures a changé les mentalités, notamment des cadres. Leurs priorités semblent désormais souvent leurs week-ends et vacances. Ne serions nous pas passés d'une société de travail à une société de loisir ? Ce choix est respectable. Mais il s'accompagne inévitablement d'une baisse du niveau de vie.

Or on peut constater que de nombreux prix ne cessent de monter, des biens alimentaires à ceux de la restauration en passant par les tarifs publics et l'immobilier. Et ce contrairement à ce qu'indiquent les chiffres de l'inflation calculés par l'Insee qui peuvent étonner. L'Insee ne prend pas en compte le progrès technique. L'institut estimera ainsi par exemple que le prix d'un ordinateur a été divisé pas deux parce que l'année précédente l'ordinateur équivalent par ses capacités de rapidité et de mémorisation était un haut de gamme deux fois plus cher. Mais le prix de cet ordinateur dans la gamme n'aura pas varié. De plus, l'Insee change souvent le panier type des produits entrant dans l'indice, sans fournir d'explication. Sans ces deux éléments, on pourrait probablement constater une baisse du niveau de vie des Français.

Augmentation du coût de la vie et baisse du niveau de vie: ne peut-on parler de déclin français? Ou est-ce un thème récurrent et fantasmatique ? Nicolas Baverez apporte un élément de réponse : " La France a aujourd'hui un PIB de 1520 MM €. Le Royaume-Uni de 1659. Notre richesse nationale est donc inférieure de 9% à celle des Britanniques alors qu'elle était supérieure de 25% à la leur dans les années 70. ". D'autres statistiques de l'Union Européenne fournies par l'agence Eurostat confirment notre décrochage par rapport à nos voisins. La comparaison des PIB par habitant, corrigé en parité pouvoir d'achat, est éclairante. Entre 1990 et 2000, au sein des quinze pays de l'Union Européenne, la France est passée de la 3e à la 12e place! Au sein de l'Union européenne, seuls les Grecs, les Portugais et les Espagnols ont un niveau de vie inférieur au nôtre. L'exemple le plus frappant est celui de l'Irlande. En 1980, un Irlandais avait un pouvoir d'achat égal à 40% de celui d'un Français. En 2000, seulement 20 ans plus tard, le même Irlandais a 120% du niveau de vie d'un Français. En une génération, les Irlandais ont fait plus que multiplier par trois leur niveau de vie par rapport aux Français. Il devient difficile de contester le déclin de la France au sein des pays développés.

Japon au bord du gouffre, Etats-Unis en convalescence

Croissance, chômage, investissements, recherche, dettes, déficits, niveau de vie : les faits indiquent que la France est sur la mauvaise pente. La conjoncture internationale pourrait-elle nous aider à redresser la situation ?

Le Japon est " un champ de mines " écrit David Barrou dans Les Echos (22 mai 2003) : " Le système financier de la deuxième puissance économique de la planète se noie depuis douze ans dans un océan de pertes et de créances douteuses, mais politiques et bureaucrates nippons se contentent de colmater les brèches ". Ces derniers tentent de repousser " une crise inévitable ". Le système bancaire japonais n'a pas été
purgé : " le montant total des " crédits pourris " n'a pas baissé. Il serait aujourd'hui d'un minimum de 50.000 milliards de yens (soit 360 milliards d'euros) ". Depuis une douzaine d'années, le Japon a une croissance quasi-nulle. Et encore celle-ci est le fruit de relances par des dépenses publiques aussi stériles que risquées. L'ampleur de ses déficits publics, de l'ordre de 10% du PIB par an, a fait grimper sa dette à un niveau dangereux. Une deuxième correction sur la dette semble de plus en plus inévitable. Les effets d'une correction sur la dette sont potentiellement supérieurs à ceux de la purge bancaire. Le décrochage de la deuxième économie planétaire peut-il se faire en douceur pour le reste de l'économie mondiale ? D'autant que la communauté financière découvre que la Chine a, elle aussi, un système bancaire grevé de créances douteuses. Un effet en chaîne régional serait catastrophique.

Le salut pourrait-il venir de l'Amérique ? Les Etats-Unis, première économie de la planète, sont passés d'un rythme de 5% de croissance par an dans la décennie 1990, lié aux formidables progrès des nouvelles technologies de l'information et de la communication, à 2,5%. Ce chiffre reste correct. Mais il ne leur permet plus de jouer le rôle de locomotive de l'économie mondiale. La situation économique américaine n'est pas stabilisée. La marge de relance par la baisse des taux d'intérêts s'est réduite. Subsistent l'arme de la dévaluation monétaire et celle de la relance par les baisses d'impôts. Ces deux politiques sont en cours. Elles n'ont pas encore eu le temps de produire tous leurs effets.

Les Etats-Unis sont une société entrepreneuriale où les incitations au travail et à l'investissement sont fortes. La capacité de rebond de l'économie américaine est importante. D'autant que les institutions américaines, monétaires ou gouvernementales, sont dirigées par des hommes d'action. La rapidité et l'ampleur des baisses de taux décidées par le gouverneur de la Réserve fédérale américaine, Alan Greenspan, tranchent sur celles de son homologue de la Banque Centrale Européenne, Wim Duisemberg. Les baisses d'impôts voulues par Georges W. Bush et autorisées par le Congrès américain - 350 milliards de dollars sur dix ans - sont sans commune mesure avec celles décidées par Jean-Pierre Raffarin : en 2003, le dérisoire pourcent de réduction de l'impôt sur le revenu représente un effort de moins de 500 millions d'euros. Et encore cette baisse d'impôt sera-t-elle largement compensée par les hausses de tarifs publics et d'impôts locaux.

Une reprise américaine pourrait-elle améliorer la situation française? Oui s'il n'y avait le problème du gigantesque déficit commercial. Les avis des économistes sont partagés. Certains croient qu'il ne constitue pas un problème. Un grand nombre s'accorde à penser qu'un tel déséquilibre n'est pas sain sur le long terme. La prudence commande de le réduire. Il est probable que le gouvernement américain est déjà en train de s'y employer. Cette politique entraînera une réduction des importations américaines. Qui abaissera encore un peu plus la croissance européenne. Notons, en passant, que le continent sud-Américain s'enfonce dans le marasme. La plupart des pays sont dirigés par des socialo-populistes financièrement coincés parce que politiquement obligés de distribuer des prébendes à ceux qui les ont fait élire. Avec les élections de Chavez au Venezuela et de Lula au Brésil, deux amis politiques de Castro, les Etats-Unis ont perdu une partie de leur influence sur le sous-continent. Leur capacité à y imposer une relative orthodoxie économique et financière s'est réduite d'autant. L'incertitude sud-américaine peut freiner le redémarrage nord-américain.

Rien n'est gagné. Les finances publiques américaines se dégradent très rapidement. Les marchés des actions restent surévalués. " L'exubérance irrationnelle " que dénonçait Alan Greenspan est loin d'avoir été totalement résorbée. Olivier de Ducla dans son
livre " Le krach programmé " (ed° Jean-Cyrille Godefroy) pense que le Dow Jones devrait redescendre à son niveau de 1974 soit 570 points contre 9000 aujourd'hui. Un tel effondrement loin d'être impensable assommerait l'économie planétaire pour de longues années. Même sans ce krach, l'économie américaine, si elle a des ressources, est fragile.

L'Europe pénalisée par l'Allemagne faible et l'euro fort.

Le Japon en sursis, les Etats-Unis en convalescence : l'Europe pourrait-elle être notre planche de salut? On peut en douter tant l'environnement européen est morose. L'industrie européenne est asphyxiée par la remontée de l'euro et freinée par l'Allemagne qui glisse vers une déflation à la japonaise. La croissance de la zone euro pourrait être seulement de 0,7% en 2003 selon les récentes déclarations du Commissaire européen Pedro Solbes : " Le PIB a stagné au 1er trimestre, est resté anémié au 2e et a peu de chance de rebondir au 3e ". Une partie des pays européens est en récession dont l'Allemagne, 3e puissance économique planétaire, 1ère européenne et 1er partenaire de la France. L'Allemagne paye le coût de sa réunification et celui de son Etat Providence. Son salut passe par des réformes fortes. Gerhardt Schröder a prévu un plan fort de diminution d'impôts en parallèle à des diminutions d'aides sociales. N'ayant pas été élu pour un tel programme, pourra-t-il les mettre en oeuvre ? Ce n'est pas impossible, car il n'a plus rien à perdre et de plus les sociaux-démocrates allemands sont moins idéologues et plus pragmatiques que leurs voisins socialistes latins. Mais ces mesures seront douloureuses.

Le deuxième frein à la reprise européenne est la remontée de l'euro. Il pénalise nos exportations et favorise nos importations. Sur les marchés extérieurs et intérieurs l'évolution de l'euro joue contre la production européenne. Pourtant aujourd'hui l'euro ne peut être qualifié de " fort " puisqu'il est toujours en dessous de son cours de lancement (1 euro pour 1,18 dollar). Le pire pourrait donc être à venir. Sous la pression de la conjoncture, les banques allemandes sont obligées de vendre leurs actifs aux Etats-Unis pour reconstituer leurs fonds propres. Cela fait monter la monnaie européenne. La matérialisation de l'euro, qui se trouve depuis le 1er janvier 2002 physiquement dans les porte-monnaie des Européens, est un autre facteur technique de soutien à la monnaie. Comme l'est la courbe euro-dollar: si l'euro a atteint un point bas à 0,8 dollar avec un cours central aux alentours de 1,10 (valeur de parité de pouvoir d'achat), il pourrait toucher son symétrique soit 1,40. Et les Américains ont intérêt à une baisse de leur monnaie pour réduire leur déficit. Certes la mollesse de la conjoncture européenne pourrait dissuader les achats d'euros sur le moyen ou long terme. Il n'empêche : l'euro pourrait encore s'apprécier à court terme.

La conjoncture peut-elle précipiter le décrochage d'une Europe aux structures
inadaptées ?

On peut se demander si, dans les dernières années, les social-démocraties de l'Europe vieillissante ne se sont pas maintenues principalement en raison de la conjoncture internationale porteuse et de la dévaluation de l'euro. Les fiscalités européennes dissuadent entrepreneurs et travailleurs, les dépenses sociales encouragent les comportements irresponsables d'assistés, les Etats sont peu efficaces, les lois sociales freinent les embauches. Or les dépenses sociales ne peuvent que croître sous le poids du " papy boom européen" qui augmente à la fois les dépenses vieillesse et de santé. Aujourd'hui, le soutien de la conjoncture comme celui de la dévaluation de l'euro n'existent plus et l'Europe décroche.

Au sein d'une Europe qui souffre, la France pourrait souffrir davantage. Parce qu'elle a la fiscalité la plus lourde, la fonction publique la plus pléthorique et la mieux rémunérée, le plus faible taux d'emploi des moins de vingt-cinq ans et des plus de cinquante ans. Et parce qu'elle a encore trouvé le moyen de charger la barque durant les années Jospin avec des réformes sociales financièrement inassumables sur le long terme : 35 heures, emplois-jeunes, couverture maladie universelle, augmentation du nombre des fonctionnaires, et loi dite " de modernisation sociale " qui en alourdissant les coûts de licenciement a gelé les embauches. Même dans une conjoncture exceptionnellement porteuse la France a été incapable d'équilibrer ses comptes publics et sociaux. Rien d'étonnant à ce qu'ils plongent aujourd'hui. Une mauvaise conjoncture ne pourrait-elle pas envoyer une économie française aux structures inadaptées par le fond?

Une pente à la japonaise

Il est étonnant qu'une telle question ne soit pas davantage posée. Il existe des politiques conjoncturelles qui peuvent aider à redresser la situation : une baisse des taux d'intérêts dont on pourrait espérer, sans certitude aucune, une diminution de l'euro ; une baisse des impôts qui creuserait en contrepartie les déficits. Et si, à l'instar de ce qui se passe au Japon, les problèmes de structure étaient tels qu'ils rendent inefficaces toute politique conjoncturelle ?

Le Japon vieillissant a abaissé au maximum ses taux d'intérêts, s'est lancé dans une frénésie de dépenses publiques, a creusé des déficits fantastiques et a accumulé une dette colossale sans que cela ne produise aucun résultat. Pourquoi en irait-il différemment dans cette Europe vieillissante? Certains expliquent que ce mixe de politique monétaire et keynésienne a échoué au Japon parce que le gouvernement a attendu d'être en déflation pour les entreprendre. Il était alors trop tard pour sortir de la spirale déflationniste. Mais l'Allemagne comme la France sont déjà en déflation dans leurs secteurs marchands. Leurs productions industrielles et leurs prix industriels baissent, leur chômage monte.

Une récente étude de l'OCDE constate le décrochage européen. L'OCDE ne s'interroge pas sur les résultats récents sans grande surprise mais sur les écarts durables qui se creusent entre les Etats-Unis et l'Europe. Ils existent. En 2003, la croissance moyenne des 30 pays membres de l'OCDE devrait être de 1,9%. En 2004, une " reprise graduelle mais peu spectaculaire de l'activité " entraînerait 3% de croissance. Mais les écarts se creusent entre les Etats-Unis et l'Europe. En 2002, la croissance a été de 2,4% aux Etats-Unis, contre 0,9% seulement pour la zone euro. L'Allemagne est très touchée, avec une croissance de 0,2%. La France se porte un peu mieux, avec un taux de 1,2%. Le Japon n'est pas plus brillant : 0,3% de croissance en 2002.

En 2003, les Etats-Unis devraient rester sur le même rythme de croissance avec 2,5%. La zone euro resterait, elle aussi, à son niveau antérieur avec 1% de croissance seulement : l'écart persiste. La France se maintiendrait à 1,2%, l'Allemagne à 0,3% et le Japon à 1%. En 2004, les Etats-Unis connaîtraient une croissance soutenue, avec une prévision de hausse du PIB de 4%. L'Europe resterait à la traîne, avec 2,4%, et plus encore le Japon, avec 1,1%. Sur une plus longue période (horizon 2008), l'OCDE fait pour la France des prévisions pessimistes. Les comptes publics resteraient dans le rouge en 2008, avec 3,3% de déficit par rapport au PIB, la dette publique continuerait à progresser et à dépasser les normes européennes avec 67% du PIB. Quant au chômage, les perspectives sont aussi les plus sombres en France avec un taux de 8,8% de la population active.

Les structures françaises du déclin.

La situation française est médiocre. Dans l'entretien cité plus haut, Nicolas Baverez donne quatre éléments qui manquent à la France pour espérer rebondir: 1° un Etat en ordre de marche ; 2° des créations d'entreprises ; 3° la capacité de fixer les capitaux et les talents ; 4° la possibilité de remettre les gens au travail. Ces quatre éléments inquiètent. On peut préciser ces quatre tares françaises par sept spécificités :
1° La France a la plus forte fiscalité de tous les pays de l'OCDE. Le dernier classement de Forbes Global est une bonne indication. D'après l'indice publié par le magazine américain, la France reste championne, loin devant ses principaux concurrents. L'indice (le " tax misery index ") est calculé à partir de l'ensemble des éléments constitutifs de la fiscalité (Impôts sur les sociétés, sur les revenus, sur la fortune, ...). L'indice français (179,4 en 2003) est très supérieur à ceux de la Belgique (153,1), de la Suède (149,8), de l'Italie ou de la Chine (145).
2° La France compte la plus grande proportion de fonctionnaires des pays de l'OCDE. 25% de la population active dit-on. En réalité on compte un peu plus de 7 millions de fonctionnaires pris au sens large (Etat, collectivités territoriales, fonction publique hospitalière et employés des entreprises publiques) et seulement 13 millions d'employés dans le privé. Si l'on excluait les chômeurs du nombre des actifs du privé, le taux serait d'un tiers.
3° La France a un chômage de masse. L'étude officielle de référence demeure le Rapport Guaino du Commissariat général du Plan. Elle montrait que le chiffre de l'époque n'était pas de trois millions de chômeurs mais en réalité de sept millions. Il fallait réintégrer tous les sans-emplois sortis des statistiques par le traitement social du chômage : RMIstes, préretraités, contrats-emploi-solidarité etc...
4° La France est le pays qui a la plus faible proportion de gens au travail entre 15 et 25 ans et entre 55 et 65 ans. Seuls 37% des Français travaillent au delà de 55 ans.
5° La France est le pays où le financement des retraites est le plus problématique car faisant le moins appel à la capitalisation. L'effondrement du système des retraites français est envisageable. Jean-Pierre Raffarin a ouvertement utilisé cet argument pour justifier sa réforme. Mais sa réforme ne résoud pas fondamentalement le problème. Elle maintient un système par répartition d'inspiration socialiste. Le fossé entre le montant des retraites du privé et celles des fonctionnaires s'accroîtra à l'avantage des fonctionnaires. Cette réforme tente de repousser la date de l'effondrement. Mais en faisant explicitement référence à une future augmentation des cotisations retraites, elle porte en germe un accroissement de la fuite des capitaux, des cerveaux et des emplois.
6° La France à une dette préoccupante. Elle est officiellement passée à 63%. Mais ce chiffre ne tient pas compte des dettes des entreprises publiques françaises ni des engagements de retraites promis par l'Etat français à ses fonctionnaires. Rémi Godeau, dans le Figaro du 22 mai, rappelle qu' " en l'absence de mesures radicales, la Commission estime que la dette française représenterait en réalité 248% du PIB ! Bruxelles qualifie d'"urgente" la réforme du système des retraites "afin d'assurer sa viabilité financière". ". La dette française serait donc du quadruple du chiffre officiel et atteindrait 3 750 milliards d'euros. Rappelons que l'Argentine avec une population moitié moindre s'est effondrée parce que sa dette était de 140 milliards de dollars soit plus de 25 fois inférieure...
7° La France a le système politique le plus bloqué. Longtemps, on a expliqué la croissance économique et la prospérité à l'aide des facteurs de production traditionnels : le travail et le capital. Cela a valu aux pays du tiers-monde de calamiteuses politiques de développement, consistant à injecter, en pure perte, de l'argent public, pour stimuler l'économie. Le FMI a récemment montré que l'influence des facteurs de production est relative : le travail existe dans ces pays et le capital, avec la mondialisation, va là où il y a des perspectives de gains. Par contre les institutions jouent un rôle déterminant. Les facteurs géographiques ou climatiques se trouvent relativisés, tout comme le déterminisme de l'histoire. Les experts du FMI, invoquent des raisons institutionnelles pour expliquer les succès très contrastés obtenus par les colonisations européennes. D'un côté l'établissement de colonies d'émigrés, comme les Etats-Unis, l'Australie, la Nouvelle Zélande, avec des institutions défendant l'état de droit et la propriété privée. De l'autre des colonies d'exploitation, en Amérique centrale ou du sud ou dans la majeure partie de l'Afrique sub-saharienne : leur cadre juridique a été conçu pour exploiter des richesses nationales, bien plus que pour le développement d'un pays. Or les systèmes politique, économique et sociaux français sont davantage conçus pour redistribuer les richesses existantes que pour les créer.

La " droite " française réforme moins que les gauches européennes.

Les structures françaises s'opposent à l'efficacité économique. Elles poussent irrésistiblement notre pays sur le déclin. Des réformes en profondeurs sont indispensables. Sont-elles possibles avec des structures politiques verrouillées par les politico-fonctionnaires qui ont intérêt au statu quo.

Il faut revenir aux réflexions fondamentales de Nicolas Baverez : la France " est le seul pays développé où les fonctionnaires gagnent plus que les gens du privé. Le salaire moyen net dans la fonction publique est de 22 188 euros contre 16 520 euros dans le secteur privé avec des gains de pouvoir d'achat de + de 10% dans le secteur public contre à peine 4% dans le secteur privé ". Le gouvernement de Jean-Pierre Raffarin a-t-il changé ce système ? En 2002, son gouvernement a dirigé huit mois sur douze. La tendance social-étatiste s'est maintenue : les dépenses publiques ont crû de 5%, le nombre de fonctionnaires a augmenté de 38 000.

La réforme des retraites est d'une grande timidité : les privilèges des statuts spéciaux (EDF, SNCF, RATP etc.) n'ont pas été touchés, la référence demeure les 6 derniers mois pour les fonctionnaires contre les 25 meilleures années pour le privé, seuls les fonctionnaires bénéficient de la capitalisation avec la Préfon, seuls les fonctionnaires peuvent partir en retraite au bout de 15 ans d'activité quand ils ont 3 enfants, et ainsi de suite (cf. Gérard Maudrux " Retraites, le mensonge permanent ", Ed. Les Belles Lettres, 2000 et Pascal Gobry " La grande duperie. La vérité sur vos retraites ", Ed. Plon, 2003). Une réforme authentiquement libérale aurait mis le cap sur un système par capitalisation et laissé une plus grande liberté de choix aux intéressés.

La " droite " française est plus timide que tous les gouvernements socialistes européens d'hier et d'aujourd'hui. En Allemagne, les socialistes du SPD après avoir mis en place depuis longtemps un système de retraite par capitalisation, vont réduire de 14 milliards d'euros leurs impôts en 2004, et alléger fortement leur Etat-providence. En Suède, les socialistes ont mis en place un système d'épargne retraite, ont privatisé ou mis en concurrence et dégraissé la majeure partie de leurs entreprises publiques (eau, électricité, téléphone), ont décentralisé l'éducation nationale qui relève dorénavant des communes. En Italie, l'alliance entre la gauche et les néo-communistes qui a précédé M. Berlusconi avait réduit les dépenses publiques et le nombre des fonctionnaires. Au vu de ses actes la " droite " française se situe très à gauche de l'échiquier politique européen.

La République des fonctionnaires et l'accélération du déclin.

Après les politiques de hausses massives des impôts et d'augmentation des dépenses publiques, pratiquées par les gouvernements Balladur et Juppé, Jean-Pierre Raffarin hésite à faire mentir la maxime Baverezienne : " La république française est un gouvernement des fonctionnaires par les fonctionnaires et pour les
fonctionnaires ". Le symbole de la captation du pouvoir par les fonctionnaires est l'ENA. Les énarques, Alain Juppé à l'UMP et François Hollande au PS, contrôlent les partis politiques dominants. Les énarques, Chirac, Jospin, Balladur, Chevénement, sont les seuls à avoir eu une chance réelle lors des dernières présidentielles. Les énarques dirigent la plupart des fédérations patronales à commencer par le Medef (d'ailleurs en quasi-faillite, qui licencie ses équipes et est incapable de financer l'acquisition de son nouveau siège). La relève politique de l'UMP, de Jean-François Coppé à Renaud Dutreil en passant par Hervé Gaymard ou Henri Plagnol, demeure marqué du sceau de l'énarchie et de la continuité.

On peut confirmer le penchant pro-fonctionnaire de ce gouvernement en notant qu'en contrepartie de l'alignement très théorique sur les 40 ans du privé (la plupart des fonctionnaires bénéficient de bonifications qui leurs permettent de partir bien avant), le gouvernement Raffarin a octroyé aux fonctionnaires des avantages supplémentaires : le temps partiel d'un fonctionnaire peut désormais être compté comme un temps plein pour le calcul de la retraite, la bonification pour enfant a été portée jusqu'à trois ans au lieu d'un an, une partie de leurs primes ont été intégrées.

Raffarin, le Gorbatchev français.

Jean-Pierre Raffarin est-il au système socialiste français ce que Mikhaïl Gorbatchev était au système soviétique russe ? Il tenterait, avec une intelligence supérieure à celle de ses prédécesseurs, de le réformer pour le sauver. Mais le système est-il adapté au monde globalisé tel qu'il existe aujourd'hui ? Comment maintenir les impôts les plus élevés des pays de l'OCDE alors qu'il n'y a plus de moyens de retenir les capitaux et les talents ? Comment payer les montagnes de dettes du capitalisme-étatique à la française qui a mené toutes nos entreprises publiques - SNCF, EDF-GDF, France Télécom - à des situations catastrophiques? Est-il sain de conserver un système social mis en place au sortir de la Deuxième Guerre mondiale par les ministres communistes Thorez, Billoux et Croizat avec les ordonnances du 4 et du 19 octobre 1945? Comment empêcher son effondrement alors que le déficit de la seule branche maladie sera supérieur à 10 milliards d'euros pour 2003 ?

L'inefficacité économique de ce système n'est pas compensée par une efficacité démocratique supérieure. Nicolas Baverez pense qu' " il faut dénoncer le caractère incestueux du condominium constitué par la classe politique, la haute fonction publique et les syndicats. Ce système est un système clos. Que vous preniez la gauche ou la droite, ce système fonctionne dans les deux camps. Il faut donc le casser. " Quel libéral ne partage pas son jugement ? Cette réflexion renvoie au pamphlet de Claude Reichman : " Le secret de la droite " (Ed. François Xavier de Guibert) qui explique de manière très argumentée pourquoi la droite française met en oeuvre des politiques de gauche, et comment les politico-fonctionnaires ont verrouillé le système.

Il est légitime de penser que tant que les Français n'auront pas cassé ce système, tant que leurs partis politiques de gouvernement seront dirigés par des énarques, tant que la richesse sera dans une telle proportion prise à ceux qui la crée pour être redistribuée, le déclin français se poursuivra. Il peut s'accélérer, tant la conjoncture internationale est défavorable et tant la structure de l'économie française dissuade aujourd'hui la création de richesse. Si le déclin s'accélérait, cela prouverait que la France a besoin d'une révolution politique pour retrouver le chemin de la prospérité. Les Français la veulent-ils ou préfèrent-ils regarder leur niveau de vie baisser ?

Attention au krach majeur

Notre pays est sur le déclin. Pour l'instant ce déclin est encore relativement lent. Il s'accentuera en raison du papy boom et des structures de la société française totalement inadaptées au monde moderne et global. Il s'accentuerait de manière dramatique si nous sommes à la veille de bouleversements majeurs. Si Olivier de Ducla a raison, si un krach majeur symétrique à celui de 1929 devait se produire en raison de l'accumulation de montagnes de dettes par les Etats de la planète, alors la France dévissera littéralement. Nous avons déjà dit que notre dette réelle est immense (de l'ordre de 250% de notre PIB selon l'Union Européenne) et notre chômage réel catastrophique (supérieur à 6,5 millions de sans emploi selon le rapport du Commissariat général au plan). Une économie aussi délabrée ne survivrait pas à un choc majeur. Songeons qu'à la veille de la crise de 1929, la France était prospère. En 1928 et 1929, le budget de l'Etat était excédentaire de 1% du PIB, la balance des paiements courants était excédentaire, la production s'accroissait de 9% l'an, les salaires progressaient de 8% l'an etc. Songeons qu'au plus fort de la crise des années trente, la France n'a compté que 300 000 chômeurs !

J'avoue avoir personnellement toujours cru à une correction majeure annoncée par notre prix Nobel d'économie Maurice Allais. J'ai eu l'occasion d'en discuter avec un autre prix Nobel d'économie, le professeur James Buchanan à la Georges Mason University. Il ne m'a pas démenti et partageait la majeure partie de mes craintes. J'ai lu récemment le livre de Charles Gave et celui d'Olivier de Ducla qui tous deux prévoient un effondrement avec des démonstrations fort convaincantes. Le livre de Nicolas Baverez, " La France qui tombe ", qui paraîtra en septembre, ne rassurera pas. Il n'y a pas jusqu'au très réservé rédacteur-en-chef du Figaro Jean de Belot qui ose écrire : " La France, elle, est au total la plus mal placée (...) C'est une révolution que doit mener notre pays. Il ne faut pas tarder. Sans quoi la vraie crise est pour demain. " (cf. " Le défi d'une révolution copernicienne " in Le Figaro du 30 juillet 2003). Cela fait beaucoup de signes.

Les structures économiques et sociales françaises sont inadaptées au monde moderne et nous enfoncent dans la crise et le déclin. Notre système politique verrouillé par les politico-fonctionnaires ne nous offre aucune chance de réforme et encore moins de révolution. Un choc externe violent, un krach économique mondial qui se dessine, nous précipiterait inéluctablement dans la tourmente et nous obligerait à revoir de fond en comble l'ensemble de notre organisation sociétale.

le clonage

Le clonage désigne principalement deux processus. C'est d'une part la multiplication naturelle ou artificielle à l'identique d'un être vivant c'est-à-dire avec conservation exacte du même génome pour tous les descendants (les clones). C'est donc un synonyme de certaines formes de multiplication asexuée telles que le bouturage. C'est aussi la multiplication provoquée d'un fragment d'ADN par l'intermédiaire d'un micro-organisme.

Ainsi, en biologie, le mot clonage désigne plusieurs choses :

D'une part, le fait de reproduire des organismes vivants pour obtenir des êtres génétiquement identiques ; ceci peut s'appliquer à de simples cellules (clonage cellulaire, par prélèvement d'une seule cellule, qui est mise en culture de manière individuelle) ou bien à des animaux — donc y compris les êtres humains — et des végétaux (clonage reproductif, bouturage). L'ensemble de ces cellules, ou individus, forme un seul et même clone (tant que le patrimoine génétique est identique).
D'autre part, une technique de biologie moléculaire qui consiste à isoler un fragment d'ADN et à le multiplier à l'identique en l'« insérant » dans une molécule d'ADN « porteuse » appelée vecteur permettant son amplification. Cette technique de biologie moléculaire peut-être utilisée pour un clonage partiel, ne portant que sur un fragment de matériel génétique (ADN), mais aussi pour le clonage d'un gène entier permettant la production de la protéine recombinante correspondante. L'« insertion » est souvent réalisée à l'aide d'un vecteur, le plus communément utilisé étant une molécule d'ADN appelée plasmide.
Au sens scientifique, le clonage est l'obtention d'un être vivant génétiquement identique au parent qui lui donne naissance. Il s'oppose donc à la reproduction qui nécessite deux parents. Il ne faut toutefois pas confondre le clonage avec certaines formes de multiplication asexuée telles que la parthénogenèse où nous avons génération de gamètes, donc méiose. Les enfants ne sont pas identiques à leurs parents.

On assimile souvent la naissance de vrais jumeaux ( dits monozygotes ) chez les animaux et chez l'homme à une forme de clonage, plus naturel. Ce n'est cependant pas le cas. En effet, si les deux enfants sont identiques entre eux (techniquement ils forment un clone) ils ne le sont pas à leurs parents et découlent bien d'une reproduction sexuée.

Le terme clone est utilisé pour la première fois en 1903 par le botaniste H.J. Webber en désignant des plantes reproduites par multiplication asexuée. Ce mot sera ensuite réutilisé par J.B.S. Haldane.


Clonage naturel
Dans la nature, le clonage n'est rien de plus qu'un mode de reproduction parmi tous ceux à la disposition des êtres vivants. C'est même le plus répandu puisqu'il concerne toutes les cellules procaryotes (division), presque tous les eucaryotes unicellulaires (mitose) à l'exception de ceux qui pratiquent la reproduction (faisant intervenir la méïose), mais également de nombreux végétaux et animaux pluricellulaires.

Certains animaux dont l'embryon est coupé en deux peuvent donner deux individus génétiquement identiques comme c'est le cas chez les hydres. De plus, les cellules des organismes complexes se reproduisent généralement par clonage.

Le clonage peut être naturel chez les plantes; il est dans ce cas le plus souvent appelé multiplication végétative. Il a lieu par émission de rejets, par marcottage naturel, par division naturelle de rhizomes ou de stolons.

Certaines espèces végétales émettent des rejets, comme l'olivier. Lorsque l'ortet initial vieillit, il émet des rejets sur le pourtour de sa souche. Ces ramets deviennent ensuite autonomes et se séparent entre eux lors de la disparition de la souche initiale avec le temps. D'autres, comme les fraisiers, produisent des stolons, rameaux dont le bourgeon terminal s'enracine au contact d'un substrat favorable et reproduit ainsi, par marcottage naturel, une plante identique à la plante mère. Par bouturage naturel des morceaux de plante peuvent repousser s'ils se retrouvent placés dans de bonnes conditions, et redonner une plante adulte complète.


Clonage artificiel
Clonage végétal
En horticulture et culture, les techniques de reproduction de plantes par clonage peuvent être pratiquées en laboratoire, sous serres ou sur le terrain. Elles sont applicables chez beaucoup de dicotylédones produisant des méristèmes en abondance et sur quelques monocotylédones également (le bananier peut se multiplier par rejets, la canne à sucre par bouturage).. On peut citer le greffage, et le bouturage qui n'existent pas naturellement dans la nature et d'autres techniques cette fois inspirées de la multiplication végétative naturelle : (le marcottage, le démariage de rejets ou la division de rhizomes et de stolons, ...)

En laboratoire, on pratique la Culture in vitro de méristèmes (ou d'autres parties de la plante) produisant des embryons puis des plantules complètes (voir embryogénèse somatique et embryogénèse zygotique). Les techniques in vitro sont les seules qui peuvent être employées pour des monocotylédones comme le palmier dattier, le palmier à huile.

Le comportement et la forme des clones peuvent différer selon la partie de la plante d'où sont extraites les cellules destinées à les produire. Par exemple chez les fraisiers des bourgeons adventifs stipulaires ou donnent des fraisiers à feuilles plus claire et plus rondes. Ils présentent un métabolisme différent, un nombre plus élevé de stolons, un réceptable floral plus court, des étammines aux anthères plus grosses, alors que le clone « axillaire » est, lui, moins bien pollinisé et produit pour cette raison des fruits plus souvent difformes, notamment en l'absence d'agents pollinisateurs


clonage animal
Dans le domaine animal, un pas est franchi au XXe siècle grâce au clonage à partir de noyaux de cellules différenciées réimplantés dans des ovocytes préalablement énucléés. Cette technique aux taux de réussite encore faibles et qui n'a abouti que chez quelques espèces en est à ses balbutiements. Des problèmes de vieillissement accéléré semblent pouvoir être reliés à l'état des télomères. Peut-être que cela empêchera la disparition de plusieurs espèces comme le panda géant ou le gorille des montagnes.

L'embryologiste chinois Tong Dizhou, fut le premier à cloner un animal (une carpe) en 1963, 33 ans avant la brebis Dolly. Il publia ses recherches dans un magazine scientifique chinois qui ne semble pas avoir été traduit à l'époque.[2]

Cette technique a permis de cloner les animaux suivants :

Carpe : 1963, premier clone artificiel issu de cette technique.
Dolly, une brebis, premier mammifère cloné en 1996 (et née le 24 février 1997) à partir d'une cellule spécialisée. Elle mourut en 2003 d'une maladie pulmonaire qu'ont les brebis normalement à 11 ou 12 ans.
« Cumulina », une souris clonée en 1997.
« Marguerite », une vache, clonée par l'INRA en 1998.
« Millie », « Christa », « Alexis », « Carrel » et « Dotcom », 5 petits cochons, clonés en mars 2000.
« Noah », un Gayal, en janvier 2001, une espèce de bœuf sauvage, premier animal en voie d'extinction.
taureaux: mars 2001
« Carbon Copy », ou "Copie carbone" un chat, cloné fin 2001.
souris : 2002
Six lapins, cloné en 2002 par l'INRA.
« Idaho Gem », « Utah Pioneer », « Idaho Star », trois mules, clonées en 2003.
daim : 2003
« Prometa », une jument, clonée en 2003.
« Ralph », le rat, cloné en 2003
drosophile : 2004
« Little Nicky », en 2004, un chat, premier clone produit à but commercial.
Le docteur Hwang, annonce avoir cloné la première cellule humaine, mais quelques mois plus tard il est obligé d'avouer la supercherie.
« Snuppy », un chien, cloné en 2005 en Corée du Sud par le controversé docteur Hwang.
« Paris Texas », un cheval, cloné en 2005.
Le premier primate est cloné en 2007[3]
Toutes ces expériences ont montré que le clonage des mâles est en général plus délicat que celui des femelles. De plus, pour des raisons encore inconnues, seuls 5 à 10 % des oeufs fabriqués et réimplantés produisent des clones viables ou en bonne santé apparente. On ne comprend pas non plus pourquoi certaines cellules d'un organisme se clonent mieux que d'autres.

Un second pas est franchi avant le nouveau millénaire par le clonage de seconde génération (obtention d'organisme clonés à partir d'autres organismes clonés) sur des souris, puis un taureau.

En 2007, il existe près d'un millier de cochons clonés et près de 3000 bovins


Les clones ne sont pas des copies conformes

Seul le matériel génétique du noyau est transféré lors d'un clonage. L'ADN mitochondrial reste celui de la cellule réceptrice tout comme la machinerie nécessaire a la transcription de l'ADN pendant les premières phases du développement embryonnnaire. On parle de régulation épigénétique. De même, des facteurs environnementaux peuvent modifier le devenir des embryons. En pratique les animaux clonés diffèrent sur plusieurs paramètres et sont moins ressemblant que de vrais jumeaux monozygotes (ayant le même patrimoine génétique).



Controverses
Avantages : Le clonage, in vitro notamment permet - à faibles coûts - la production, "délocalisée" de grandes quantités d'individus. Il permet de produire des plantes menacées dans la nature, mais recherchée par les collectionneurs ou amateurs (ex : orchidées qu'il n'est plus nécessaire de prélever dans la nature pour vendre par exemple).

Inconvénients : L'utilisation croissante de clones dans l'agriculture et la sylviculture est source d'une importante perte de biodiversité, et par là de fragilisation d'espèces qui sont des ressources agricoles et pour l'élevage.


Aspects éthiques
Le Groupe européen d'éthique[5] a conclu dans son avis : «Étant donné le niveau actuel de maladies et de problèmes de santé des mères porteuses et des animaux clonés, le groupe doute que le clonage d'animaux à des fins alimentaires soit justifié d'un point de vue éthique. La question de savoir si cela s'applique également à la progéniture demande une recherche scientifique plus poussée. À l'heure actuelle, le GEE ne voit pas d'arguments convaincants pouvant justifier la production d'aliments à partir d'animaux clonés et de leur progéniture[6]». Ce groupe a aussi listé des mesures à prendre en cas d'introduction d'aliments issus d'animaux clonés dans l'UE.

Les promoteurs du clonage d'animaux d'élevage estiment qu'il répond à des enjeux de recherche agronomique (accélérer la sélection animale, sauver des races en voie de disparition) et scientifique (mieux comprendre les mécanismes de la régulation épigénétique des premières phases du développement embryonnaire). La sécurité des aliments issus d'animaux clonés reste discutée, malgré la publication d'un avis favorable de la Food and Drug Administration (organisme fédéral américain chargé de contrôler la qualité des produits alimentaires mis en vente sur le marché américain) estimant que «la viande et le lait issus de bovins, de porcs et de chèvres clonés, ainsi que de la progéniture de clones d'espèces traditionnellement consommées sous forme d'aliments, ne présentent pas plus de dangers que ceux issus d'animaux élevés selon les méthodes classiques (sic!) [...] L'agence n'exige pas l'étiquetage, ni aucune autre mesure supplémentaire, pour les aliments issus de clones de bovins, porcs ou chèvres clonés, ou de leur progéniture, car les aliments issus de ces sources ne diffèrent aucunement de ceux issus de bêtes élevées selon des méthodes classiques [...] Étant donné que les clones seraient utilisés pour l'élevage, leur introduction dans la chaîne alimentaire ne se ferait pas en nombres importants. Au contraire, leur progéniture issue de la reproduction sexuelle serait utilisée pour la production de viande et de lait destinés à la commercialisation. À l'heure actuelle, l'agence continue de recommander que les aliments issus d'espèces clonées autres que les bovins, porcs et chèvres (ex. les ovins) ne soient pas introduits dans la chaîne alimentaire» .
Début 2008, l'EFSA (Agence européenne de la sécurité alimentaire) prépare un nouvel avis sur ces questions


Conséquences évolutives
Le clonage, par copie d'un génome, ne permet pas la diversification et recombinaison du gène caractéristique de la reproduction sexuée. Or cette dernière est selon la théorie de l'évolution le moyen de l'adaptation du Vivant et de la biosphère aux changements environnementaux, et le gage de co-évolution des organismes à reproduction sexuée avec celle de leurs prédateurs, pathogènes et parasites.



Clonage humain
Au delà des questions techniques relevant du clonage animal en général, le clonage de l'humain pose des problèmes philosophiques nouveaux, débouchant sur la nécessité d'établir une législation spécifique. Quelques chercheurs travaillent actuellement sur le clonage humain reproductif. Sans nier l'exploit technologique que constituerait une telle réalisation, la tendance internationale semble pencher vers l'interdiction, pour l'instant, des recherches sur le domaine. Ceci étant, un sondage CNN[8] montre un intérêt toujours grandissant du public pour la technique. Arnold Schwarzenegger, gouverneur de la Californie a milité en faveur du clonage humain [9]. Les opposants au clonage semblent d'autant plus pressés d'arriver à un consensus international. Les États-Unis, avec plus de cinquante autres pays, ont signé un appel à une interdiction totale du clonage humain. Un autre texte interdisant seulement le clonage reproductif a été rédigé par la Belgique et soutenu par plus de vingt pays, dont la Russie, le Japon, le Royaume-Uni, la Corée du Sud et le Danemark. La recherche en faveur du clonage humain reproductif exprime une quête encore fantasmatique, de l'homme, pour son immortalité.

Fin 2002,la firme Clonaid, associée au mouvement raëlien, a affirmé avoir réalisé le clonage d'êtres humains mais aucune preuve scientifique de leur existence ne fut apportée.

Il est admis scientifiquement que l'identité de l'être ne se résume pas à son génotype, ce qui signifie qu'il est impossible de produire deux êtres identiques simplement en dupliquant un génome. Le cas de vrais jumeaux (dits monozygotes), qui peut être techniquement apparenté au clone, ne peut être considéré comme un exemple de clonage humain, au sens où le principe de reproduction sexué entre deux parents est assuré naturellement, sans intervention technologique, et après brassage génétique.

Mais tout ceci pose des questions éthiques, philosophiques, et religieuses importantes en ce début de XXIe siècle conduisant à de nombreux débats.

Cette nouvelle forme de génération présente par exemple des difficultés juridiques concernant le statut légal du clone. Notamment lorsque l'on parle de clonage « thérapeutique », qui implique que le clone soit mis au service d'autrui par sa destruction partielle, voire totale. De ce point de vue, certaines questions éthiques posées peuvent rejoindre celles de l’IVG.

En mai 2005, des chercheurs de Corée du Sud et du Royaume-Uni ont annoncé les premiers clonages d’embryons humains à des fins de recherches thérapeutiques.

En 2008, des chercheurs américains, des entreprises Stemagen et Reproductive Science Center, ont annoncé avoir obtenu trois embryons clonés à partir de cellules adultes (cellules de peau) et d'ovocytes énucléés. C'est la première fois que des embryons sont obtenus à partir de cellules qui ne sont pas des cellules souches.

l`euthanasie

`À l'origine, l'euthanasie (gr: ευθανασία - ευ, bonne, θανατος, mort) désigne l'acte mettant fin à la vie d'une autre personne pour lui éviter l'agonie1.
Dans une acception plus contemporaine et plus restreinte, celle retenue par le Petit Larousse, l'euthanasie est décrite comme une pratique visant à provoquer la mort d'un individu atteint d'une maladie incurable qui lui inflige des souffrances morales et/ou physiques intolérables, particulièrement par un médecin ou sous son contrôle2.
On emploie le mot aide au suicide pour désigner le fait de fournir un environnement et des moyens nécessaires à une personne pour qu'elle se suicide quelqu'en soient les motivations. Dans ce cas, c'est le "patient" lui-même qui déclenche sa mort et non une autre personne, ceci constitue une preuve de sa volonté de mourir qui distingue le suicide de l'euthanasie ou d'un meurtre déguisé. Un autre usage abusif du mot est son application aux soins palliatifs, qui ne visent jamais à hâter le décès ou éviter le prolongement de l'agonie des patients même si, pour soulager la douleur, il arrive aux soignants d'user de doses d'analgésiques ou d'antalgiques risquant d'anticiper la mort.
Longtemps appliqué à des pratiques destinées aux seuls humains, le mot est désormais employé pour les autres espèces, et l'on parle alors d'euthanasie animale, effectuée dans l'intérêt supposé d'un animal ou d'un groupe d'animaux, par opposition à l'abattage, effectué dans l'intérêt des humains3.
Le terme d'euthanasie a aussi été utilisé dans le cadre de certaines théories eugéniques de la première moitié du XXe siècle pour désigner le fait d'éliminer certaines populations jugées inaptes à la vie en société ou défavorables à la destinée du groupe social (malades mentaux, handicapés), notamment dans le programme nazi Aktion T4. Ce dévoiement du terme (le programme ne visait pas à adoucir la mort ni à épargner des souffrances, et ses victimes n'avaient rien demandé) a parasité les débats sur l'euthanasie pendant toute la seconde moitié du 20e siècle4.






Étymologie et histoire du terme
Le mot euthanasie est formé de deux éléments tirés du grec, le préfixe eu, « bien », et le mot thanatos, « mort » ; il signifie donc littéralement bonne mort, c'est-à-dire mort dans de bonnes conditions.

Le mot a été inventé par le philosophe anglais Francis Bacon (1561-1626), et apparaît dans un texte de 1605:

« L'office du médecin n'est pas seulement de rétablir la santé, mais aussi d'adoucir les douleurs et souffrances attachées aux maladies ; et cela non pas seulement en tant que cet adoucissement de la douleur, considérée comme un symptôme périlleux, contribue et conduit à la convalescence, mais encore afin de procurer au malade, lorsqu'il n'y a plus d'espérance, une mort douce et paisible ; car ce n'est pas la moindre partie du bonheur que cette euthanasie [...]. Mais de notre temps les médecins [...], s'ils étaient jaloux de ne point manquer à leur devoir, ni par conséquent à l'humanité, et même d'apprendre leur art plus à fond, ils n'épargneraient aucun soin pour aider les agonisants à sortir de ce monde avec plus de douceur et de facilité[5]. »

Il est défini comme « mort heureuse » dans le Dictionnaire de Trévoux (éd. 1771), ce qui atteste de son emploi en français dès ce siècle. Jusqu'à la fin du XIXe siècle il a cet emploi d'« adoucissement de la mort » (« Euthanasie ou Traitement médical pour procurer une mort facile et sans douleur »; William Munk 1888, traduction 1889).

Au XIXe siècle le sens s'infléchit, d'abord, sous l'influence de l'eugénisme dans le sens d'une élimination « douce » de populations « non désirables », puis d'élimination de ces populations sans que le sens de « bonne mort » soit retenu. À ce titre elle intègre l'ensemble des moyens envisagés par les eugénismes scientifiques ou idéologiques pour empêcher ou limiter l'existence de ces populations : stérilisations et avortements forcés, enfermement, déportation, séparation des sexes, etc. Le point culminant de ces pratiques dites d'euthanasie, et leur première réalisation à grande échelle, est le programme Aktion T4 mis en place par le national-socialisme du Troisième Reich en 1939, et qui s'inscrit dans le programme plus large d'hygiène raciale des nazis, dont l'achèvement est la « solution finale », l'élimination planifiée des juifs au premier chef, mais aussi des tsiganes et autres populations considérées indésirables.

Après la Seconde Guerre mondiale, le mot est principalement associé à son emploi euphémistique et fallacieux de la première moitié du siècle, et à ce titre connoté négativement. Ce n'est que dans la décennie 1970, et dans le cadre de la lutte contre ce qu'on commence à nommer acharnement thérapeutique que l'on revient à un emploi plus proche du sens initial, tout en lui ajoutant des acceptions nouvelles.

Dès lors que les progrès de la médecine dans la préservation et le prolongement de la vie ont connu des progrès décisifs, s'est posée la question des limites à poser aux pratiques de «maintien de la vie». Le débat public sur ce sujet amena la profession médicale, les philosophes et les théologiens à débattre du sujet de la qualité de la vie, et des droits pour un être humain de déterminer le moment où cette qualité s’est dégradée tant qu'il devient acceptable et licite de mettre un terme à son agonie et sa souffrance, et in fine amené les États à légiférer en ces matières, dans le cadre de l'arsenal législatif connu en France comme lois de bioéthique.

Un autre élément majeur qui a fait émerger le débat politique sur l'euthanasie est l'abandon graduel du paternalisme médical (où le médecin savait ce qui était bon pour le patient, et donc prenait seul les décisions médicales) pour le respect de l'autonomie du citoyen, qui décide de son propre sort.


L'euthanasie comme pratique et concept [modifier]
La pratique de l'euthanasie n'est pas un problème nouveau. Il suffit en effet d'être gravement malade pour que se pose cette question. L'euthanasie est donc un problème persistant dans lequel s'affrontent des idéologies de différents horizons.

En Grèce antique, le principe ne posait généralement pas de problèmes moraux : la conception dominante était qu'une mauvaise vie n'est pas digne d'être vécue, c'est pourquoi eugénisme (par exposition) et euthanasie pouvaient, en général, ne pas choquer.

Cependant certains, tel Hippocrate, avaient une conception autre des choses et, dans le Serment d'Hippocrate il est interdit aux médecins toutes les formes d'aides au suicide:

« je m'abstiendrai de tout mal et de toute injustice. Je ne remettrai à personne du poison, si on m'en demande, ni ne prendrai l'initiative d'une pareille suggestion »

. En France, ce serment a été réactualisé en 1996 par le professeur Bernard Hoerni dans un sens plus libéral tenant compte des évolutions de la société, notamment en ce qui concerne le concept d'acharnement thérapeutique:

« « Je ferai tout pour soulager les souffrances. Je ne prolongerai pas abusivement les agonies. Je ne provoquerai jamais la mort délibérément ». »

L'euthanasie a en outre été pratiquée par les Celtes, chez les Gaulois, c'est "le dieu au maillet", Sucellos qui était, selon les croyances, le patron de ces pratiques. En Bretagne armoricaine, surtout dans le Vannetais, un « maillet bénit » (Mel Béniguet) a été utilisé jusqu'au début du XXe siècle pour achever ceux dont la mort s'éternisait sur la demande de la famille et sous l'autorité du prêtre et de quelques notables de la paroisse. L'utilisation du "Mel Béniguet" a été attesté à Guénin, Locmariaquer, Carnac, Guern ou encore Brec'h.

Le concept est défendu par Thomas More, dans son Utopie (1516), où il parle de volontary death, lorsque, à des maux incurables se joignent d'atroces souffrances que rien ne peut suspendre ou adoucir.[6]


Typologie [modifier]
Les formes d'aide à la fin de vie:

l'euthanasie active désigne un acte volontaire en vue d'abréger la vie du patient.
l'euthanasie passive consiste à cesser un traitement curatif ou à arrêter l'usage d'instruments ou de produits maintenant un patient en vie et se distingue de l'euthanasie active par le fait qu'on n'utilise aucun moyen hâtant sa mort.
l' aide au suicide l'aide par fourniture de moyens à une personne désirant mettre fin à ses jours. Il faut que la demande émane de la personne, sinon c'est de l'incitation au suicide[7].
Les conditions de cette aide à la fin de vie:

Euthanasie volontaire : lorsqu'un individu a la capacité mentale et physique de demander de l'aide pour mourir et qu'il le demande ;
Euthanasie non volontaire, acception 1 : lorsqu'un individu n'a plus la capacité mentale et physique de demander de l'aide pour mourir mais a précédemment exprimé une telle volonté ;
Euthanasie non volontaire, acception 2 : lorsqu'un individu n'a plus la capacité mentale et physique de demander de l'aide pour mourir ou de s'y opposer et qu'on ignore quelle aurait été sa volonté ;

Le dernier cas ne ressort pas proprement de l'euthanasie dans une acception stricte, mais plutôt dans l'acception élargie de « fin de l'acharnement thérapeutique ».


Législation et pratique judiciaire [modifier]
Article détaillé : Législation sur l'euthanasie par pays.
La majorité des États ne reconnait pas ou interdit l'euthanasie et les autres formes d'aide à la fin de vie, mais dans beaucoup d'entre eux, notamment en Europe et en Amérique du nord, il existe une tolérance implicite ou explicite à l'encontre de ces pratiques, pour autant qu'elles se déroulent dans un cadre règlementé.

L'euthanasie est autorisée, sous conditions, dans certains pays européens, comme la Belgique et les Pays-Bas.
L'euthanasie reste, contrairement à l'opinion courante, interdite au Luxembourg, car la proposition de loi n'a pas encore passé le second vote constitutionnel et S.A.R. le Grand-Duc Henri n'a pas encore signé la loi ; c'est-à-dire que la loi n'est pas encore en vigueur.

En Suisse, si l'euthanasie reste interdite, le suicide assisté est en revanche autorisé dans les mêmes conditions que pour les deux pays mentionnés, par le biais de l'association Exit Suisse. (Autres Associations : Exit International, Dignitas , La Chrysalide ...)
En France, il s'agit d'un assassinat ou d'un empoisonnement prémédité punissable théoriquement de la réclusion criminelle à perpétuité[8]. Si la loi réprime formellement l'euthanasie et le suicide assisté, entre 1998 et 2005 les textes règlementaires et législatifs ont cependant élargi les possibilités de cessation de l'acharnement thérapeutique et étendu les droits du malade « à une fin digne » ; et dans la pratique judiciaire, la plupart des affaires ressortant de ces questions donnent le plus souvent lieu, depuis le début de la décennie 2000, à des non-lieux ou à des peines symboliques. Dans le cas de personne n'étant pas gravement malade, la simple connaissance du projet suicidaire sans porter secours peut justifier des poursuites pour "abstention délictueuse de porter secours à personne en danger.[9]
Aux États-Unis, par le référendum du 4 novembre 2008, le district de Columbia (Washington DC) a autorisé le recours à l’euthanasie pour les malades en phase terminale[10].
Au Canada, où l'euthanasie est un acte condamnable, le 12 décembre 2008, un jury d'Alma dans le Saguenay-Lac-Saint-Jean acquitta Stéphan Dufour, accusé d'avoir aidé son oncle malade à s'enlever la vie.[11]

Euthanasie animale
Article détaillé : Euthanasie animale.

Arguments pour et contre l'euthanasie

Réticences et oppositions
Interdit par de nombreuses religions :
l'homme ne dispose pas de sa vie : elle est un don (christianisme et islam par exemple) ;
risque de dérapage :
pressions financières sur le malade à cause du coût élevé des soins pour les proches ;
pressions financières pour les plus pauvres, qui risquent de « préférer » mourir rapidement ;
pressions morales de la part des proches ;
difficulté de changer d'avis à partir d'un certain point (inconscience) ;
interférence fréquente entre les notions de souffrance du patient et de souffrance de l'entourage ;
risque de dérive :
eugénisme, sélection des individus par rapport à une conception de la vie bonne ;
par suite, peut devenir un instrument de domination sociale ;
sans compter les héritiers qui peuvent en profiter pour accélérer un héritage ;
inutilité : Une partie des médecins estime que les progrès en matière d'anti-douleurs et de tranquillisants (soins palliatifs) rendent l'euthanasie inutile.
incapacité de décider, la décision peut être prise par quelqu'un d'autre.

Tolérances
dignité humaine :
les mourants dans les sociétés modernes sont abandonnés à l'hôpital et leurs souffrances sont peu prises en compte par les médecins ;
évite la clandestinité du geste ; de fait, le geste étant encadré, évite aussi les dérives ;
la maladie est perçue comme une dégradation inacceptable par le patient;
la maladie peut entraîner des altérations des facultés psychiques (raison et volonté en particulier) sur lesquelles reposent les valeurs morales de l'Occident ;
fin de la souffrance ; si les douleurs sont actuellement bien prises en compte et souvent calmées de manière efficace, en particulier dans les services de soins palliatifs, il persiste des souffrances importantes qui ne sont pas des douleurs:
la perte progressive du contrôle sur son propre corps, comme dans le cas de maladies neurodégénératives,
la sensation d'étouffement,
la déformation de son corps, et surtout de son visage,
la perte définitive de son autonomie.
Dans ces conditions, l'apport des soins palliatifs ne permet pas toujours d'apaiser la souffrance, et l'euthanasie reste une porte de sortie.

l'Homme est seul titulaire des droits associé à son corps, seul maître de sa vie ; c'est la simple application de la liberté individuelle. Il doit être le seul à décider de ce qu'il veut faire de son corps mais aussi de son esprit, c’est-à-dire de ce qui fait qu'il existe en tant qu'Homme.
Juridiquement, le corps humain, considéré comme une "chose sacrée", est un élément extrapatrimonial. il ne peut donc être question de propriété de celui-ci. Ceci résulte des principes d'indisponibilité du corps humain et de l'état des personnes contenus dans le Code Civil (art. 16 et s.).

liberté de choix du malade, qui sait mieux que quiconque ce qu'il désire.
Cela permettrait aussi d'éviter l'acharnement thérapeutique régi et interdit par la loi Kouchner du 4 mars 2002

dépendance très importante ou totale de l'aide d'autrui.
sentiment d'inutilité sociale.
la maladie est une épreuve difficile à surmonter donc ne pas trouver une solution à la pathologie est encore plus dure.
Très souvent, dans les pays où la pratique est possible, le simple fait que le médecin réponde à un patient qu'il accepterait, le cas échéant, de discuter d'une éventuelle euthanasie diminue les angoisses du malade.

Selon un sondage de 2000, 70% du corps médical français, se déclare favorable ou très favorable à l'exception d'euthanasie (acte voulu par le patient ou son représentant, en accord avec l'équipe de soins)[12]. Au cours d'une autre enquête, réalisée par l'INSERM, 45% des médecins généralistes français sont favorables à une légalisation de l’euthanasie comparable à celle des Pays-Bas.


Affaires ayant trait à l'euthanasie [modifier]
La justice étant soumise au secret de l'instruction et la définition de l'euthanasie étant difficile, il s'agira ici, de personnes se réclamant auteurs de cette pratique et inquiétées par la justice pour cette raison.

En 2008, en France, le cas de Chantal Sébire, âgée de 52 ans, défigurée par un esthésioneuroblastome et qui demande au président de la république, Nicolas Sarkozy, le droit de mourir dans la dignité sans avoir à se rendre dans un pays étranger acceptant l'euthanasie. Ce droit lui a été refusé.
Le 15 mars 2007 en France, le jury des assises de la Dordogne a condamné la docteur Laurence Tramois à un an de prison avec sursis, et a acquitté l'infirmière Chantal Chanel. En 2003, le médecin avait prescrit et l'infirmière avait administré une injection mortelle de potassium à Mme Druais, 65 ans, une patiente atteinte d'un cancer du pancréas en phase terminale, elles étaient depuis accusées d'empoisonnement. Les juges et les jurés n'ont donc pas suivi totalement l'avocat général Yves Squercioni qui demandait des peines de principes plus lourdes : un an de prison avec sursis contre l'infirmière et deux ans de prison avec sursis contre le médecin. La défense avait plaidé l'acquittement en demandant aux jurés de mettre fin à "l'hypocrisie" entourant selon elle ce débat de société. Le ministère public souhaitait quant à lui des peines symboliques pour que soit rappelé le principe de droit qui interdit à un médecin de donner la mort.
En 2005, le cas de Christine Malèvre, infirmière française condamnée;
En 2003, l'affaire Vincent Humbert, décédé en France; (qui a d'ailleurs accéléré en France le processus de législation sur la fin de vie et les soins palliatifs.)
L'affaire Terri Schiavo aux États-Unis, au terme de laquelle, les médecins décident de ne pas la réintuber et de la laisser mourir de déshydratation, seule alternative légale en accord avec la loi de l'État.
L'affaire Karen Ann Quinlan aux États-Unis.
En 2006, Piergiorgio Welby avait été, à sa demande, débranché du respirateur qui le faisait survivre. Le médecin a été relaxé par la justice italienne après que l'Ordre des médecins italiens eut approuvé son attitude.
Au niveau européen, la Cour Européenne des Droits de l'Homme se montre très réticente à l'égard de l'euthanasie. On peut notamment le constater dans l'affaire Diane Pretty c. Royaume-Uni du 29 avril 2002, dans laquelle la Cour a refusé de reconnaître un quelconque "droit à la mort" par le biais de l'art.2 CEDH, consacrant le droit à la vie. En effet, pour la Cour, celui-ci ne saurait être interprété sans distorsion de langage de manière négative, c'est-à-dire comme conférant un droit diamétralement opposé, à savoir un droit à mourir. Il ne saurait davantage conférer un droit à l'autodétermination en ce sens qu'il donnerait à tout individu le droit de choisir la mort plutôt que la vie. En conséquence, il n'est pas possible de déduire de l'art. 2 CEDH un droit à mourir, que ce soit de la main d'un tiers ou avec l'assistance d'une autorité publique.
Affaires Yves le Bonniec, l'un des auteurs du livre Suicide, mode d'emploi, condamné à 2 reprises pour "abstention délictueuse de porter secours à personne en danger" pour n'avoir pas porté secours à des lecteurs désespérés qui lui ont écrit avant de se suicider. Dans l'une des affaires, le délit a été constitué par la simple connaissance du projet de suicide du malheureux sans lui porter secours, la réponse au lecteur établissant qu'Yves le Bonniec connaissait l'intention suicidaire de cette personne.

Euthanasie et religion
Cet article est sujet à caution car il ne cite pas suffisamment ses sources. (date inconnue)
Pour rendre l'article vérifiable, signalez les passages sans source avec {{Référence nécessaire}} et liez les informations aux sources avec les notes de bas de page. (modifier l'article)


Religion catholique
Pour le catholicisme, dont la doctrine à ce sujet a été explicitée par la lettre encyclique Evangelium vitae (L'Évangile de la vie) du pape Jean-Paul II en 1995, l'euthanasie est en opposition directe avec le 5e commandement : « Tu ne tueras point » (Exode XX/13). En conséquence, toute forme d'euthanasie est prohibée.

« (...)l’euthanasie est donc un crime qu’aucune loi humaine ne peut prétendre légitimer. Des lois de cette nature, non seulement ne créent aucune obligation pour la conscience, mais elles entraînent une obligation grave et précise de s’y opposer par l’objection de conscience ». Evangelium vitae, n°73

Le Vatican a réaffirmé en septembre 2007 que l'alimentation des patients dans un "état végétatif" était "obligatoire", à propos du cas de Terri Schiavo, une Américaine dans le coma pendant 15 ans et décédée en 2005 après que son alimentation eut été interrompue[13]


Islam [modifier]
Cet article est sujet à caution car il ne cite pas suffisamment ses sources. (juin 2008)
Pour rendre l'article vérifiable, signalez les passages sans source avec {{Référence nécessaire}} et liez les informations aux sources avec les notes de bas de page. (modifier l'article)

Dans la religion islamique, l’homme représente l’œuvre divine la plus importante et la plus complexe. Il est la créature qui porte l’empreinte divine et qui représente son pouvoir sur la terre.

L’euthanasie active est interdite juridiquement (shar’an), car elle correspond à un meurtre commis par le médecin, même lorsqu’il agit à la demande du patient, en ayant l’intention d’abréger sa souffrance. Le médecin ne peut pas être plus miséricordieux envers le patient que Dieu qui lui a donné la vie et qui la lui reprend dans les conditions qu’il veut. La seule chose permise est de laisser le patient mourir naturellement.

L’euthanasie passive ne peut pas être interdite, dans ces cas précis, du fait que la majorité des juristes musulmans n’impose pas les soins médicaux même dans des cas où l’on espère la guérison. Ils ont considéré que se soigner fait partie du permis (mubâh), et nullement de l’obligatoire.


Bouddhisme [modifier]
Pour le bouddhisme, la mort n'est pas la fin du continuum de l'esprit d'une personne, et en conséquence, le suicide est déconseillé. D'une manière générale, le bouddhisme considère la suppression de la vie comme un acte négatif. Par contre, du point de vue du médecin, l'euthanasie peut être un acte de compassion, et son analyse devient délicate et complexe; la condamnation d'une euthanasie n'est pas automatique.[14],[15]

De grands maîtres du bouddhisme tibétain comme Kalou Rinpoché ou Dilgo Khyentse Rinpoché ne sont pas défavorables à l’euthanasie passive. Par contre, le 14e Dalaï Lama met en garde contre l’euthanasie active, expliquant qu’en essayant d’échapper aux souffrances de cette vie, nous pourrions être confronté à ces mêmes souffrances dans une vie future dans des conditions plus difficiles.[16]

Le bouddhisme theravada a une position semblable : selon le code monastique (Vinaya), l'euthanasie active ou le suicide assisté sont des fautes graves, alors que l'euthanasie passive est une faute légère

l`euthanasie

Le mot euthanasie signifie bonne mort, mort douce et sans souffrance et non comme le traduit l'acception moderne :
"geste ou omission du geste qui provoque délibérément la mort du malade qui souffre de façon insupportable ou vit une dégradation insoutenable".

Cette définition, aujourd'hui communément admise, appelle la distinction entre euthanasie active et euthanasie passive.
L'euthanasie active, suppose le geste d'un tiers qui administre à un mourant une substance létale ou la lui fournit ou encore le tue par tous moyens.
L'euthanasie passive est plutôt définie comme l'arrêt des traitements de réanimation, ou celui du traitement de la maladie fatale, à partir du moment où l'on est convaincu que le cas est désespéré.
Au regard du droit actuel et en l'absence de loi spécifique, l'euthanasie peut être qualifiée meurtre ou omission de porter secours à personne en péril.
1 Euthanasie et meurtre
Le Nouveau Code Pénal, comme l'ancien, n'a pas retenu de qualification particulière concernant l'euthanasie. Elle reste assimilée à un meurtre voire un assassinat (meurtre avec préméditation). Le meurtre est un homicide commis volontairement. Il est constitué lorsque sont réunis un élément matériel et un élément intentionnel.
1.1 L'élément matériel
C'est le fait de tuer un homme vivant.
L'acte commis par le meurtrier doit être de nature à causer la mort et il doit exister un lien de causalité entre l'acte et le décès.
L'acte peut être unique ou résulter de moyens successifs et multiples employés dans un temps plus ou moins long.
Il peut être le fait de plusieurs personnes qui seront chacune poursuivies comme si leur intervention personnelle, même partielle avait suffit à tuer. La tentative est punie comme le crime.
1.2 L'élément intentionnel
En matière pénale, l'infraction de meurtre n'est réalisée que si l'auteur a eu l'intention de donner la mort.
Le mobile n'importe pas, bien qu'en matière d'euthanasie il soit souvent "d'abréger les souffrances". De même, le consentement de la victime est-il sans effet - Ici comme ailleurs, le droit pénal ne justifie pas la commission de l'infraction par le consentement de la victime.
Le médecin qui, à la demande d'un mourant, lui procure le moyen de sa mort, commet un meurtre.
2 Euthanasie et omission de porter secours
Tout citoyen est tenu de porter secours à personne en péril. Le médecin plus que tout autre en raison de ses devoirs moraux et professionnels.
Encore faut-il que le délit de non assistance soit constitué. Pour qu'il le soit, trois conditions sont nécessaires :
- Le péril
Il s'agit d'un danger grave, imminent, constant. La mort peut être considérée comme un péril, même au terme d'une maladie et bien qu'elle constitue un processus inéluctable.
- Le secours
Si le médecin ne peut le porter lui même, il doit, ayant eu connaissance du péril, l'organiser.
- L'abstention volontaire
L'abstention est dite volontaire lorsqu'elle a été voulue en pleine connaissance de cause.
Ainsi, lorsqu'un médecin averti d'un danger tel que la mort imminente d'un malade, s'abstient volontairement de lui administrer ou faire administrer les soins nécessaires, il commet l'infraction de non assistance à personne en péril.

Qu'en est-il lorsque le même praticien placé devant un malade dont le pronostic vital est à ce point réduit que la mort peut survenir à tout moment, décide de cesser traitement ou réanimation ?
Les cas de figure sont divers :
- il peut s'agir d'un malade en état de mort cérébrale. En l'état actuel de la législation, c'est un cadavre. L'infraction n'est pas constituée.
- il peut s'agir d'un malade qui, informé de son état et de l'issue qui en résulte, a souhaité qu'en telle circonstance, les médecins cessent de lui apporter des thérapeutiques éprouvantes et à court terme, sans objet.
La loi pénale, encore une fois, n'exonère pas le médecin de sa responsabilité au motif du consentement du malade mais... En fait les décisions des Tribunaux sont à ce sujet divergentes.
Si les Cours d'Assises ne condamnent pas les médecins, les tribunaux correctionnels continuent à se montrer plus vigilants. Le débat subsiste et de nombreuses autorités se prononcent régulièrement sur ce sujet, sans toutefois dépasser les recommandations.
Des projets de loi ont été à plusieurs reprises élaborés mais le législateur n'a jusqu'à ce jour jamais pris la décision de dépénaliser l'euthanasie.
Le Comité Consultatif National d'Ethique dans un avis du 24 juin 1991 a rappelé qu'une législation en la matière, même pour des cas exceptionnels serait source d'interprétations abusives et incontrôlables.
Les médecins restent donc sanctionnables tant sur les plans pénal que civil et disciplinaire.
A ce sujet et en forme de conclusion, le Nouveau Code de Déontologie (6 septembre 1995) semble apporter un éclairage, qui pour n'être que de portée professionnelle tend à concilier morale et droit.

Art. 37 "En toutes circonstances, le médecin doit s'efforcer de soulager les souffrances de son malade, l'assister moralement et éviter toute obstination déraisonnable dans les investigations ou la thérapeutique".

Art. 38 "Le médecin doit accompagner le mourant jusqu'à ses derniers instants, assurer des soins et mesures appropriées à la qualité d'une vie qui prend fin, sauvegarder la dignité du malade et réconforter son entourage. Il n'a pas le droit de provoquer délibérément la mort".

Les deux articles, rédigés avec circonspection balayent pratiquement tous les cas de figure en :
- prohibant l'euthanasie active,
- n'invitant pas à l'acharnement thérapeutique et,
- insistant sur les soins palliatifs qui consistent en soins actifs dans une approche globale de la personne en phase évoluée ou terminale d'une maladie potentiellement mortelle.
Cette définition de la Société Française d'Accompagnement et de Soins Palliatifs (1992) ajoute : les soins palliatifs s'attachent à prendre en compte et à soulager les douleurs physiques ainsi que la souffrance psychologique, morale et spirituelle.

p

L`Éthique

QU'EST-CE QUE L'ÉTHIQUE ?
Dans notre société nous parlons de plus en plus de "l'Éthique", mais connaissons-nous vraiment la signification de ce mot ?

L'éthique est une discipline qui cherche à évaluer les conduites humaines par rapport à un système de valeurs, ou des exigences de respect, de promotion de l'humanité.
L'éthique est une recherche de sens : Quel sens cette décision, cet acte a pour ma vie ?
L'éthique a une dimension subjective, elle traite du "bon" ou du "mauvais" considérés comme valeurs relatives. Elle est fonction des situations, des personnes, des habitudes. Elle est centrée sur le sujet.

L'éthique traite de situations singulières, concrètes, portées par une histoire et sa signification à un moment donné, dans un contexte spécifique. C'est pourquoi en éthique, il n'y a jamais de réponse pré-établies ; à chaque situation sa réponse propre : "qu'est-ce qui est le mieux pour cette personne en ce moment"

Mais au nom de quoi va-t-on décider si tel acte est bon ou mauvais ?

Les communautés Mondiale, Européenne, Française, se sont donnés des repères qui sont: des Déclarations, des Conventions, des Lois, des Chartes, des Codes de Déontologie.

De même les grandes religions du monde donnent des repères :

L'Éthique a pour centre de préoccupation : l'HOMME.
Elle cherche en permanence ce qui est le meilleur pour la personne



QU'EST-CE QUE LA MORALE ?
C'est tout ce qui, dans l'ordre du bien et du mal, se rapporte à des lois, des normes, des impératifs.
La morale fait référence à des valeurs communes parfois universelles, elle se transmet par des principes, des règles, des normes

mercredi 28 janvier 2009

Différenciation de l´éthique avec d'autres disciplines


Les rapports entre morale et éthique sont délicats, car la distinction entre ces deux termes eux-mêmes est différente selon les penseurs. Dans un sens « ordinaire », le terme éthique est synonyme de morale, et désigne une pratique ayant pour objectif de déterminer une manière de vivre conforme aux fins de la vie humaine (recherche du bonheur ou de la vertu).

Une distinction courante consiste à entendre par « morale » l'ensemble des normes propres à un groupe social ou à un peuple à un moment précis de son histoire et à appeler éthique la recherche du bien par une conscience. Aujourd'hui, on emploie le terme « éthique » généralement pour qualifier des réflexions théoriques portant sur la valeur des pratiques et sur les conditions de ces pratiques ; l'éthique est ainsi une réflexion critique sur la moralité des actions. On parle par exemple de « comité d'éthique » au sein d'institutions scientifiques ou d'hôpitaux. L'éthique aurait donc ses fondements dans une décision dite rationnelle prise à partir d'un libre dialogue entre des consciences (riches de traditions et de codes idéologiques assimilés).

Une autre distinction est proposée par certains philosophes contemporains (Deleuze, Ricoeur, Comte Sponville, Giuliani, Misrahi...) pour définir la morale comme ensemble de devoirs (impératifs catégoriques qui commandent de faire un Bien posé comme valeur absolue, par ex "tu ne tueras pas") et l'éthique comme réalisation raisonnable des désirs (tendance naturelle à chercher le bon comme valeur relative à chaque sujet en recherche de son bonheur, qui peut par exemple légitimer certains actes généralement considérés "immoraux" comme l'euthanasie.)

La morale est ainsi généralement rattachée à une tradition idéaliste (de type kantienne) qui distingue entre ce qui est et ce qui doit être. Alors que l'éthique est liée à une tradition matérialiste (de type spinoziste) qui cherche seulement à améliorer la réalité par une attitude "raisonnable" de recherche du bonheur de tous.

Aussi, le droit se distingue de la morale et de l'éthique dans le sens où il ne se prononce pas sur la valeur des actes, bien/mal, bon ou mauvais, et ne définit que ce qui est permis et défendu par le pouvoir dans une société donnée.
La déontologie est pour sa part l'ensemble des obligations qu'une profession s'engage à respecter pour garantir une pratique conforme à l'éthique.

mardi 27 janvier 2009

L’actualité de l’éthique biomédicale : l’euthanasie

Un grand débat de société vient de se rouvrir à la suite d’un rapport récent (3 mars 2000) du Comité consultatif national d’Ethique portant sur "Fin de vie, arrêt de vie, euthanasie". L’euthanasie, c’est l’acte de provoquer volontairement la mort d’un patient même à sa demande. Tout un courant en demande la dépénalisation. Chacun aura alors le "droit" de mettre fin à la vie d’un proche avec ou sans sa demande. D’autre souhaitent que le "suicide assisté" soit également reconnu : le médecin devrait alors répondre à la demande du patient en mettant fin à sa vie.

Le Comité National d’Ethique n’a pas cru possible d’ignorer la revendication de certains groupes de dépénaliser l’euthanasie malgré la loi, en refusant cette perspective. Plusieurs propositions de loi en ce sens ont été refusées par la commission des lois : une société ne peut tolérer que n’importe qui puisse impunément mettre fin à la vie d’un autre, fût-ce un proche. La législation comme la déontologie médicale convergent : personne n’a le droit de mettre fin à la vie d’un être humain.

Cependant le Comité national d’éthique reconnaît que, lorsque dans des situations limites un médecin a cru devoir transgresser ces interdits fondamentaux et qu’il soit l’objet d’une poursuite judiciaire, il puisse bénéficier de "l’exception reconnue " par le code de procédure pénale : à savoir que le médecin puisse ne justifier avant le procès. Il a voulu ainsi tenir compte des situations où les progrès mêmes de la médecine arrivent à rendre nécessaire de faciliter la mort d’un patient.

Sa proposition est finalement :

de ne pas toucher à la loi,
d’envisager qu’une euthanasie - ou arrêt de vie - ayant été pratiquée par un médecin, une expertise légale puisse être réalisée pour vérifier si les conditions thérapeutiques et morales nécessaires ont été remplies; il s’agirait alors d’une "exception d’euthanasie", mais pas une autorisation.
Voilà les termes du rapport :

La procédure pénale pourrait offrir des solutions. L’acte d’euthanasie devrait continuer à être soumis à l’autorité judiciaire, mais un examen particulier devrait lui être réservé q’il était présenté comme tel par son auteur. Une sorte "d’exception d’euthanasie" pourrait être prévue par la loi. Une position fondée sur l’engagement et sur la solidarité est en mesure de lever le voile d’hypocrisie et de clandestinité qui recouvre certaines pratiques actuelles.

La mort donnée reste, quelles que soient les circonstances et les justifications, une transgression. Mais l’arrêt de la réanimation et l’arrêt de vie conduisent parfois à assumer le paradoxe d’une transgression de ce sui doit être considérée comme intransgressable.

Ainsi "l’exception" ne porte pas sur l’acte de mettre fin à une vie, mais sur la procédure "d’examen particulier " de cette décision. Ainsi pourraient être découvertes et sanctionnées des euthanasies injustifiées.

Car en réanimation néonatale ou adulte, le " débranchement", c’est-à-dire l’arrêt des soins curatifs, peut devenir nécessaire et conduire à la mort; voire à la provoquer. D’autre part, en cas de découverte pendant la grossesse d’une anomalie sévère et incurable sur un foetus, provoquer sa mort peut être proposé en toute légalité dans certaines conditions; enfin dans certains services hospitaliers où à domicile, des situations de douleur extrême et insurmontable, qui apparaissent aujourd’hui rarement, suscitent une demande de la mort du patient, consciente et réitérée.

La préoccupation de Comité est donc de "lever le voile d’hypocrisie et de clandestinité" sur l’euthanasie et pas autre chose. Or les réactions à cette proposition ont été tellement violentes dans les deux sens que le président s’est vu obligé de faire dans le journal "Le Monde" une mise au point intitulée "Euthanasie : oser dire ". On y lit notamment "Malgré la prudence des propos de ce texte, certains considèrent l’avis comme une victoire, d’autres comme une défaite. Où est la victoire ? Quelle est la défaite ? " Les partisans de la dépénalisation ont cru " triompher" : il n’en est rien. D’autre ont cru voir dans cette proposition une approbation de l’euthanasie : elle est au contraire rendue contrôlable. D’autres encore on cru y voir un désaveu des soins palliatifs, dont "l’exception d’euthanasie" deviendrait une alternative : il n’en est rien non plus.

Mais toucher à un interdit aussi grave et profond ébranle : "Un avis éthique, dit le Comité, naît moins d’une certitude péremptoire que de la tension et de refus de clore de faç;on définitive des questions dont le caractère récurrent et lancinant exprime un aspect fondamental de la condition humaine", et plus loin "Entendre une parole qui demande la transgression est peut-être la seule manière pour notre société de répondre à la dernière angoisse existentielle". Entendre cette parole, c’est renoncer à la sécurité de refus sans nuances.

Le président de l’épiscopat français a choisi cette perspective : "Une exception juridiquement reconnue risquerait de conduire à l’oubli de l’interdit du meurtre." Même attitude chez le théologien catholique Patrick Vespieren, directeur du Département d’Ethique du Centre Sèvres. Le Centre catholique des médecins français est plus nuancé : "Comme le Comité national d’Ethique , les membres du Centre catholique des médecins français estiment que cet acte (l’euthanasie) est toujours une transgression… certains médecins de notre mouvement sont formellement hostiles à l’euthanasie, d’autres, compte tenu de leur type d’activité professionnelle peuvent être conduits à considérer que le geste euthanasique est le moindre mal dans les situations exceptionnelles qu’ils peuvent rencontrer dans leur pratique ". le théologien protestant Olivier Abel estime que le Comité Ethique a eu raison, sinon de proposer une solution, du moins de poser publiquement la question."

Ainsi le débat est clarifié. Il n’y a pas que les pour et les contre, il y a des situations extrêmement différentes et douloureuses auxquelles les médecins ont à faire face; les notions de "transgression", de "moindre mal" ont été évoquées. C’est le rôle de la loi qui est en cause : absolument nécessaire, parfois évolutive (comme les lois bioéthiques de 1994 qui vont être révisées) mais qui dans certaines situations extrêmes peut être transgressée. Finalement, quelle que soit la nécessité et l’importance de la loi, c’est toujours la conscience qui est l’instance ultime de décision. Bonne conscience de ce qui s’appuie essentiellement sur la loi, conscience douloureuse mais pas nécessairement mauvaise, du médecin qui ne peut éviter de prendre cette décision en responsabilité, à certaines conditions.


http://www.portstnicolas.org/La-plage/l-ethique-en-question/l-actualite-de-l-ethique.html



publiqué par Sara Lemos 11º C nr 17

lundi 26 janvier 2009

L'ethique

LES DEFINITIONS DE L'ETHIQUE



A. le sens ancien



1). Etymologique. La recherche étymologique n'apporte rien, comme dans tous les cas où la dérivation est importante (ex. la Mode, la publicité, la relaxation...). Le mot Ethique vient d'un terme grec Ethiqué, qui signifiait "les moeurs". Le même passage du fait au droit s'est opéré dans le mot "morale" qui peut signifier "les moeurs" dans l'expression "la morale des Gaulois" ou un système d'exhortation à se conformer à des règles relatives au Bien et tenues comme universellement et inconditionnellement valables.

2). Au sens classique, c'est la science de la morale. Les philosophes et les penseurs ont étudié les diverses morales (juive, chrétiennes, islamique...), ou systèmes d'interdits et de commandements relatifs aux jugements de valeur selon le bien et le mal, pour en comprendre l'origine, la nature, les fondements, les principes, la logique, etc. Bref, ils en ont fait une nouvelle "science", l'étude philosophique des morales : l'Ethique. (ex. Spinoza Ethica, Wolff Ethica...)



B. le sens moderne



1. Les CONFUSIONS à éviter. L'éthique ne doit pas être confondue avec :

a) le droit, le légal ou le juridique. La loi est le produit du pouvoir d'un état souverain, qui rend obligatoire un comportement sous menace de sanctions. (si l'état est démocratique, c'est l'expression de la volonté de la majorité des citoyens). Toute loi cherche à être morale et juste, mais ne l'est jamais totalement, puisqu'elle doit être affinée par des juges créant la jurisprudence dans ses applications non-prévues et constamment transformée pour tenir compte de l'évolution du monde, des techniques et des moeurs. Le légalisme qui dit que "tout ce qui n'est pas défendu est permis", nie la morale et l'éthique.

b) la déontologie. Le code de déontologie est un ensemble de régles de pratique professionnelle, qui sont proposées par des représentants de la profession et peuvent être imposées lorsque l'état a délégué une partie de ses pouvoirs à "un ordre professionnel", comme l'Ordre des Médecins. Mais la déontologie est au service d'une corporation, alors que l'éthique est au service du bien général et peut amener à remettre en cause son intérêt et celui de sa corporation.

c) la préoccupation économique. La demande nouvellement faite au médecin de se comporter aussi en gestionnaire économique crée une opposition de plus entre le juste et le rentable.

d) la conscience professionnelle est la pratique volontaire de la morale dans l'exercice de son métier.

e) la morale : pour certains "l'éthique" est le mot moderne pour "la morale", c'est la même chose. C'est la science des Valeurs universelles qui transcendent le temps, les populations et les idéologies. Les recommandations du Comité national d'Ethique deviennent "la morale officielle".

"Le Droit décide, la morale commande, l'éthique recommande"



2. Au sens moderne actuel, l'éthique se différencie de la morale par :

a). le libre choix individuel conforme à sa conception du bien et du mal, sans obéissance à une morale (Tables de la Loi ou listes publiques de commandements, de tabous et d'interdits). Il s'agit d'une prise de décision individuelle, spontanée et libre (cela correspond au sens de Bergson dans Les deux sources de la morale et de la religion où il oppose les anciennes morales closes de l'obligation à l'exigence spontanée, intérieure, libre et ouverte de la générosité, du héros, de l'appel). L'éthique au sens moderne échappe au discrédit des morales. Bien des gens, et surtout des jeunes, ne veulent plus entendre parler de morale ou liste de devoirs imposés du haut et plus particulièrement de morale chrétienne (obsessionnelle sur la sexualité, inadaptée et oublieuse des injustices sociales, de classe ou de peuples), mais ils conforment toujours leur conduite au bien moral. "La vraie morale se moque de la morale" écrivait Pascal. L'éthique, ou la vraie morale, est cette exigence morale intérieure qui critique les morales traditionnelles et les moeurs actuelles. Rien ne prouve plus la présence et la force du sens éthique personnel que cette insatisfaction des pratiques conventionnelles dépassées.

b). le coté scientifique : l'éthique a un contenu plus scientifique que la morale. Elle n'est plus fondée sur une Révélation (comme en religion) ou la seule Raison (comme en philosophie), mais s'aide de toutes les études des sciences humaines (sociologie, psychologie, anthropologie, épistémologie, droit...).

c) le domaine limité. Actuellement l'éthique désigne une morale sectorielle spécialisée à un domaine. La première éthique à se constituer paraît être l'éthique écologique (exigence des jeunes et des "verts" de respecter la nature"). Puis sont apparues l'éthique bio-médicale, l'éthique dans la guerre, l'éthique des entreprises, éthique de la Bourse...). L'éthique bio-médicale a commencé avec l'analyse critique des conflits et des cas de conscience. Ceci a provoqué une certains nombre de déclarations et de codes éthiques (Déclaration des droits de l'homme, code de Nuremberg 1947, code d'octobre 1949 à Londres, déclaration d'Helsinski, d'Alma-Ata 78, Manille 81, conférence européenne de 87...).


C. Le débat actuel



L'éthique est l'émergence d'un nouveau champ du savoir, qui est aussi un lieu considérable de pouvoir avec les Comités d'éthique (CCPPRB). C'est donc un champ de bataille pour son appropriation par :

1. les courants confessionnels religieux. Pour les différentes grandes religions l'éthique est un nouveau nom de la morale. Et elles ont dans ce nouveau domaine leur message traditionnel à transmettre. C'est l'éthique de conviction, opposée à l'éthique de responsabilité.

la casuistique. L'éthique est concrète et ne correspond qu'à la conduite à tenir dans un cas et une situation particulière. Elle est la suite de la casuistique catholique mise au point par les jésuites : "moment de réflexion sur les conflits de valeur". Dans toute morale peuvent apparaître des "conflits de normes" qui ne peuvent être résolus que par la sagesse pratique au cas par cas (casuistique).

2. les philosophes. L'éthique étant traditionnellement étudiée par la philosophie morale et l'épistémologie, les philosophes continuent à réfléchir sur les éthiques appliquées à la vie pratique.

le prémoral. La morale dit ce qui s'impose comme obligatoire (selon l'héritage kantien de l'impératif catégorique) et l'éthique ce qui est estimé comme bon (selon l'héritage aristotélicien de la visée téléologique de la vie bonne). "la visée de la vie bonne avec et pour autrui dans des institutions justes" Paul Ricoeur qui réserve le "terme d'éthique pour tout le questionnement qui précède l'introduction de l'idée de loi morale et désigne par morale tout ce qui dans l'ordre du bien et du mal se rapporte à des lois, des normes, des impératifs. " "La découverte de la liberté dans l'exercice même de l'action" Paul Ladrière.

l'ersatz de la morale. "l'offre d'éthique répond mal à la demande de la morale ... L'éthique permet au mieux d'ajuster quelques comportements individuels" Alain Etchegoyen

ou bien : La morale est universelle et obligatoire, l'éthique est plurielle, c'est un accord transitoire de la base dans l'effervescence (Maffésolli)

3. les scientifiques et les médecins. Des solutions éthiques sont trouvées, fondées sur des études de terrain selon les méthodes des sciences humaines (ou de la seule médecine, selon certains médecins)

la recherche. La morale répond à nos questionnements, l'éthique est en elle-même une interrogation et une recherche et rien d'autre. (Christian Hervé)

l'éthique pragmatique comme seule "morale de l'action". C'est aussi "l'éthique à petit pas" de Changeux, une éthique de responsabilité inspirée du réel et non plus une éthique de conviction ou idéologique.

la conception progressiste : "l'éthique est cette exigence libre et individuelle de réalisation des Valeurs, qui est le ferment et le principe de progrès des morales" Marc-Alain Descamps

4. les juristes. L'éthique n'est qu'une jurisprudence préalable, élaborée par des comités d'éthique, qui préparent par là la rédaction et le vote d'une loi par le parlement ou de décrets par le gouvernement. Elle est donc la régle de vie individuelle dans les failles du droit et de la jurisprudence.

5. Les industriels. C'est la conception utilitariste anglo-saxone : "ethics pay", l'éthique est rentable. On doit s'y soumettre pour son image, car à long terme on est remboursé de ses sacrifices. Il faut avoir un code de bonne conduite et le respecter de façon à engendrer le respect et la confiance. Cela rapporte. On doit donc établir une éthique marchande (respect de la parole donnée, de la qualité de l'objet vendu ...) et une éthique partenariale (honnêteté avec les fournisseurs et les clients ...). Si les dirigeants ne respectent pas l'éthique, il est difficile de l'exiger de chaque employé.

publique par: Mélanie